Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/289

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Un après-midi, il se manifesta quelque tumulte dans la cour ; il s’y livrait un furieux combat à coups de poings. À pareille heure, c’était un événement fort ordinaire, mais cette fois il y avait autant à s’en étonner que d’un duel entre Oreste et Pylade. Les deux champions, Blignon et Charpentier, dit Chante-à-l’heure, étaient connus pour vivre dans cette intimité révoltante qui n’a pas même d’excuse dans la plus rigoureuse claustration. Une rixe violente s’était engagée entre eux ; on prétendait que la jalousie les avait désunis : quoi qu’il en soit, quand l’action eut cessé, Chante-à-l’heure, couvert de contusions, entra à la cantine pour se faire bassiner ; je faisais alors ma partie de piquet. Chante-à-l’heure, irrité de sa défaite, ne se possédait plus ; bientôt l’eau-de-vie du pansement qu’il buvait sans s’en apercevoir, l’animant encore, il se trouva dans cette situation d’esprit où les épanchements deviennent un besoin.

— Mon ami, me dit-il, car tu es mon ami, toi…, vois-tu comme il m’a arrangé, ce gueux de Blignon ? .. mais il ne le portera pas en paradis !…

— Laisse tout cela, lui repartis-je, il est