Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/357

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pour le prolonger. Je passais pour inflexible et impartial ; je ne voulais pas ce qu’ils appelaient prendre des deux mains, il était juste qu’ils se déclarassent mes ennemis. Ils n’épargnèrent pas les attaques pour me faire succomber ; inutiles efforts ! je résistai à la tempête, comme ces vieux chênes dont la tête se courbe à peine, malgré la violence de l’ouragan.

Chaque jour j’étais dénoncé, mais la voix de mes calomniateurs était impuissante. M. Henry, qui avait l’oreille du préfet, lui répondait de mes actions, et il fut décidé que toute dénonciation dirigée contre moi me serait immédiatement communiquée, et qu’il me serait permis de la réfuter par écrit. Cette marque de confiance me fit plaisir, et sans me rendre ni plus dévoué ni plus attaché à mes devoirs, elle me prouva du moins que mes chefs savaient me rendre justice, et rien au monde n’aurait été capable de me faire déroger au plan de conduite que je m’étais tracé.

En toutes choses, pour réussir, il faut un peu d’enthousiasme. Je n’espérais pas rendre honorable la qualité d’agent secret ; mais je me flattais d’en remplir les fonctions avec honneur.