Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/36

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était si différent du mien, qu’il était indispensable de me mettre un peu mieux en règle.

Pour y parvenir, il fallait tromper une police devenue d’autant plus vigilante et ombrageuse, que les communications des émigrés en Angleterre se faisaient par le littoral de la Normandie. Voici comment je m’y pris. Je me rendis à l’hôtel de ville, où je fis viser mon passeport pour le Havre. Un visa s’obtient d’ordinaire assez facilement ; il suffit que le passeport ne soit pas périmé : le mien ne l’était pas. La formalité remplie, je sors ; deux minutes après, je rentre dans le bureau, je m’informe si l’on n’a pas trouvé un portefeuille… personne ne peut m’en donner des nouvelles ; alors je suis désespéré : des affaires pressantes m’appellent au Havre ; je dois partir le soir même et je n’ai plus de passeport.

« N’est-ce que cela ? me dit un employé. Avec le registre des visas, on va donner un passeport par duplicata.,. C’était ce que je voulais ; le nom de Blondel me fut conservé, mais du moins, cette fois, il s’appliquait à mon signalement. Pour compléter l’effet de ma ruse, non seulement je partis pour le Havre, ainsi que je l’avais annoncé, mais encore je fis réclamer par