Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/366

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sous un escalier dans la cour. Bientôt après Delzève descend, je l’aperçois : marchant alors droit à lui, je le saisis au collet, et lui mettant le pistolet sur la poitrine, je lui notifie qu’il est mon prisonnier. – Suis-moi, lui dis-je, et songe bien qu’au moindre geste, je te casse un membre : au surplus, je ne suis pas seul.

Muet de stupéfaction, Delzève ne répond mot et me suit machinalement ; je lui ordonne de me remettre ses bretelles, il obéit ; dès ce moment je fus maître de lui, il ne pouvait plus me résister ni fuir.

Je me hâtai de l’emmener. L’horloge frappait six heures comme nous entrions dans la rue du Rocher, un fiacre vint à passer, je lui fis signe d’arrêter ; l’état où le cocher me voyait dut lui inspirer quelque crainte pour la propreté de sa voiture ; mais j’offris de lui payer double course, et, séduit par l’appât du gain, il consentit à nous recevoir. Nous voici donc roulant sur le pavé de Paris. Pour être plus en sûreté, je garrotte mon compagnon, qui, ayant repris ses sens, pouvait avoir le désir de s’insurger ; j’aurais pu, comptant sur ma force, ne pas employer ce moyen, mais comme je me proposais de le confesser, je ne voulais pas me brouiller avec lui,