Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/375

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fait par des revers de fortune, faisaient croire qu’elle pouvait appartenir à l’une de ces nombreuses familles auxquelles la révolution n’avait plus laissé que de la morgue et des regrets. À la voir et à l’entendre, quand on ne la connaissait pas, Mme Noël était une petite femme fort intéressante ; bien plus, il y avait quelque chose de touchant dans son existence ; c’était un mystère, on ne savait ce qu’était devenu son mari. Quelques personnes assuraient qu’elle était tombée de bonne heure dans le veuvage ; d’autres qu’elle avait été victime de la séduction. J’ignore laquelle de ces conjectures se rapprochait le plus de la vérité, mais ce que je sais bien, c’est que Mme Noël était une petite brune, dont l’œil vif et le regard lutin, se conciliaient cependant avec des apparences de douceur que semblaient confirmer l’amabilité de son sourire et le son de sa voix, dans laquelle il y avait beaucoup de charme. Il y avait de l’ange et du démon dans cette figure, mais plus du démon que de l’ange ; car les années avaient développé les traits qui caractérisent les mauvaises pensées.

Mme Noël était obligeante et bonne, mais c’était uniquement pour les individus qui avaient