Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/43

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en même temps, il m’apprit que son tour reviendrait de minuit à deux heures. Nos conventions faites, je mis la main à l’œuvre ; la muraille fut percée de manière à nous livrer passage ; nous n’attendions plus que le moment opportun pour sortir. Enfin, minuit sonne, le soldat vient m’annoncer qu’il est là ; je lui donne les trois louis, et j’active les dispositions nécessaires. Quand tout est prêt, j’appelle : « Est-il temps ? dis-je à la sentinelle. – Oui, dépêchez-vous », me répondit-elle, après avoir un instant hésité. Je trouve singulier qu’elle n’ait pas répondu de suite ; je crois entrevoir quelque chose de louche dans cette conduite ; je prête l’oreille, il me semble entendre marcher ; à la clarté de la lune, j’aperçois aussi l’ombre de plusieurs hommes sur les glacis ; plus de doute, nous sommes trahis. Cependant, il peut se faire que j’aie trop précipité mon jugement ; pour m’en assurer, je prends de la paille, je fais à la hâte un mannequin, que j’habille ; je le présente à l’issue que nous avions pratiquée ; au même instant, un coup de sabre à pourfendre une enclume m’apprend que je l’ai échappé belle, et me confirme de plus en plus dans cette opinion, qu’il ne faut pas toujours se fier