Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/57

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conseil : dans tous les cas nous déjeunerons ensemble.

Je fus exact au rendez-vous. Fanfan ne se fit pas attendre ; il était arrivé avant moi : aussitôt que j’entrai, on me conduisit dans un cabinet où je le trouvai en face d’une cloyère d’huîtres, attablé entre deux femelles, dont l’une, en m’apercevant, partit d’un grand éclat de rire. – Et qu’a-t-elle donc, celle-là ? s’écria Fanfan. – Eh ! Dieu me pardonne, c’est le pays ! – C’est la payse ! dis-je à mon tour, un peu confus. – Oui, mon minet, c’est la payse. Je voulus me plaindre du méchant tour qu’elle m’avait joué la veille ; mais, en embrassant Fanfan, qu’elle appelait son lapin, elle se prit à rire encore plus fort et je vis que ce qu’il y avait de mieux à faire, était de prendre mon parti en brave.

« Eh bien ! me dit Fanfan, en me versant un verre de vin blanc, et m’allongeant une douzaine d’huîtres, tu vois qu’il ne faut jamais désespérer de la Providence ; les pieds de cochon sont sur le gril : aimes-tu les pieds de cochon ? » Je n’avais pas eu le temps de répondre à sa question, que déjà ils étaient servis. L’appétit avec lequel je dévorais était tellement affirmatif, que Fanfan n’eut plus