Page:Vidocq - Mémoires - Tome 2.djvu/95

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Dufailli s’avance aussitôt, et demande si l’on peut entrer. – Retirez-vous, lui répond brusquement un maréchal des logis de dragons, vous savez bien que ce n’est pas votre jour. – Dufailli insiste. – Retirez-vous, vous dis-je, reprend le sous-officier, ou je vous conduis à la place. Cette menace me fit trembler.

L’obstination de Dufailli pouvait me perdre ; cependant il n’eût pas été prudent de lui communiquer mes craintes ; ce n’était d’ailleurs pas le lieu : je me bornai à lui faire quelques observations qu’il rétorquait toujours, il ne connaissait rien. – Je me f… de la consigne, le soleil luit pour tout le monde : liberté, égalité ou la mort, répétait-il en se tordant pour échapper aux efforts que je faisais afin de le retenir. – Égalité, te dis-je ; et, dans une attitude renversée, il me regardait sous le nez avec cette fixité stupide de l’homme que l’excès des liqueurs fermentées a réduit à l’état de la brute.

Je désespérais d’en venir à bout, lorsqu’à ce cri : Aux armes, suivi de cet avis : « Canonnier, sauvez-vous, voilà l’adjudant, voilà Bévignac », il se redresse tout à coup. Une douche qui descend