Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/104

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plus ou moins : tous les rogomistes qui se trouvaient sur notre chemin nous devaient quelque chose : plus de cent poissons furent bus en l’honneur de notre nouvelle liaison, nous ne devions plus nous séparer. « Viens avec nous, viens, me disaient-ils. » Ils étaient si pressants, que n’ayant pas la force de me dérober à leurs instances je consentis à les reconduire chez eux, rue des Filles-Dieu, n°14, où ils logeaient dans une maison garnie. Une fois dans leur galetas, il me fut impossible de refuser de partager leur lit : on ne se fait pas d’idée, comme ils étaient bons enfants ; moi je l’étais aussi, et ils en étaient d’autant plus persuadés que le compère Riboulet, durant une heure environ que je fis semblant de dormir leur fit de moi à voix basse un éloge, dont la moitié même ne pouvait être vraie, sans que j’eusse mérité dix condamnations à perpétuité. Je n’étais pas né coiffeur, comme certain personnage que le spirituel Figaro exposait sur la sellette du ridicule, j’étais né coiffé, et j’avais un bonheur à faire mourir de chagrin toute une génération d’honnêtes gens. Enfin Riboulet, m’avait si bien mis dans les papiers de nos hôtes, que dès la pointe du jour ils me proposèrent d’être d’expédition avec eux,