Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/112

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ton, tu verras tout à l’heure ; il ne faut pas se compromettre. »

Bientôt il me quitte de nouveau, et ne tarde pas à reparaître chargé d’un énorme paquet, sous le poids duquel il semble s’affaisser. Il passe devant moi sans dire mot ; je le suis ; et marchant en serre-files, deux hommes de garde, armés seulement de leur baïonnette, l’observent en faisant le moins de bruit possible.

Il importait de savoir où il allait déposer son fardeau : il entra rue du Four, chez une marchande (la Tête-de-Mort), où il ne resta que peu de temps. « C’était lourd, me dit-il en sortant, et pourtant j’ai encore un bon voyage à faire. »

Je le laisse agir ; il remonte dans la chambre dont il effectuait le déménagement : dix minutes à peine se sont écoulées, il redescend portant sur sa tête un lit complet, matelas, coussins, draps et couverture. Il n’avait pas eu le temps de le défaire ; aussi sur le point de franchir le seuil, gêné par la porte qui était trop étroite, et ne voulant pas lâcher sa proie, faillit-il tomber à la renverse ; mais il reprit promptement son équilibre, se mit en marche et me fit signe de l’accompagner. Au détour de la rue, il se rapproche de moi, et me dit à voix basse :