Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/127

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montant, lorsque, tout près du coin de la rue des Coutures-Saint-Gervais, j’aperçus plusieurs individus blottis dans des embrasures de portes. À la lueur des réverbères, je ne tardai pas à distinguer auprès d’eux des paquets dont on s’efforçait de dissimuler le volume, mais dont la blancheur indiscrète ne pouvait manquer d’attirer les regards. Des paquets à cette heure, et des hommes qui cherchent l’abri d’une embrasure, au moment où il ne tombe pas une goutte d’eau ; il ne fallait pas une forte dose de perspicacité pour trouver, dans un tel concours de circonstances, tout ce qui caractérise une occurrence suspecte. J’en conclus que les hommes sont des voleurs, et les paquets le butin qu’ils viennent de faire. « C’est bon, me dis-je ; ne faisons mine de rien, suivons le cortège quand il se mettra en marche, et s’il passe devant un corps de garde, enfoncé !… dans le cas contraire, je les mène coucher chez, eux, je prends leur numéro, et je leur envoie la police. » Je file en conséquence mon nœud, sans paraître m’inquiéter de ce que je laisse derrière moi ; à peine ai-je fait dix pas, l’on m’appelle : Jean-Louis ! c’est la voix d’un nommé Richelot que j’avais souvent rencontré dans des réunions de voleurs : je m’arrête.