Page:Vidocq - Mémoires - Tome 3.djvu/335

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cette morale, madame Duflos, nonchalamment étendue sur une chaise longue, roulait des yeux dont les mouvements eusse nt infailliblement produit un bruyant désopilement de ma rate, si sa bonne ne fût venue très à propos lui dire qu’on la demandait au magasin.

Ainsi finit cet entretien, qui me démontra la nécessité de me tenir désormais sur mes gardes. Sans renoncer à mes prétentions, je ne parus plus voir qu’avec indifférence les ouvrières de ma patronne, et je fus assez habile pour mettre en défaut sa pénétration ; sans cesse elle veillait sur moi, épiait mes gestes, mes paroles, mes regards ; mais elle ne fut frappée que d’une seule chose, la rapidité de mes progrès. Je n’avais pas fait un mois d’apprentissage, et déjà je savais vendre un schall, une robe de fantaisie, une guimpe, un bonnet, comme le plus ergoté des commis. Madame était enchantée, elle eut même la bonté de me dire que si je continuais à me montrer docile à ses leçons, elle ne désespérait pas de faire de moi le coq de la nouveauté. « Mais surtout, ajouta-t-elle, plus de familiarité avec les poulettes ; vous m’entendez, M. Eugène, vous m’’entendez. Et puis j’ai encore une recommandation à vous faire, c’est