Page:Vidocq - Mémoires - Tome 4.djvu/345

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demanderai la permission de vous offrir un petit verre ; le petit verre est accepté, et l’on regarde jouer au billard. L’un des joueurs fait un raccroc, le cicérone le fait remarquer à l’étranger, la partie se continue, et des coups baroques se présentent à chaque instant. Le joueur qui doit gagner fait la bête ; il se soucie, dit-il, de gagner comme de perdre, l´héritage de son oncle fera face à tout ; d’ailleurs, quand il n’y en a plus, il y en a encore ; et il débite ces propos en faisant sonner les écus qu’il a dans sa poche. Un coup singulier se présente, il s’engage un pari, le cicerone prend parti, il amène l’étranger à prendre parti avec lui, et si ce dernier a la faiblesse de mettre au jeu, son argent est flambé.

L’étranger ne se borne pas toujours à parier, quelquefois saisissant la queue, il veut se mesurer contre celui qui a l’air d’une mazette, il se pique de le gagner, et plus il s’en pique, plus il est certain d’être plumé ; le prétendu maladroit fait tant de raccrocs, tant de raccrocs, qu’il sort victorieux de la lutte. Je connais des personnes qui, dans de tels assauts ont perdu jusqu’à trois ou quatre mille francs.

Un conseiller de l'université impériale, M. Salvage de Faverolles, presque octogénaire,