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UNITÉ DE COMPOSITION.

opinions régnantes, semble s’écarter des principes. Les vérités, trop nouvelles, qu’il annonce, seront donc d’abord méconnues, et la seule alternative qui soit pour lui, c’est l’oubli ou la lutte.

Cette consécration de la nouveauté et de la grandeur d’une idée, a-t-elle manqué aux premiers travaux de Geoffroy Saint-Hilaire ? On pourrait le croire au premier abord. À peine, en 1807, a-t-il publié ses mémoires, que la haute importance semble en être unanimement reconnue. Au lieu de la lutte à laquelle il s’attendait sans doute, il ne trouve devant lui que des éloges et des encouragements.

Ne nous y trompons pas cependant. Il y avait dans ses mémoires deux genres bien différents de résultats : des idées et des faits ; des vues générales et des découvertes de détail, faites sous l’inspiration de celles-ci. Dans cette distinction est tout le secret de cette conformité apparente entre l’opinion des zootomistes de 1807 et celle des naturalistes de nos jours. Si les premiers mémoires de Geoffroy Saint-Hilaire tiennent dans la science actuelle un rang si élevé, c’est surtout, comme on vient encore de le montrer[1], « parce que tous les résultats d’une nouvelle méthode scientifique s’y trouvent implicitement renfermés. » Au contraire, s’ils ont été placés très-haut dès leur apparition, s’ils ont, à ce moment même, ouvert à

  1. M. le docteur Pucheran, dans un remarquable article qui fait partie des tom. XXI et XXII de la Revue indépendante, 1845.