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CHAPITRE V.

parties, et indépendantes des fonctions, aux analogies fonctionnelles d’Aristote[1].

Ainsi le grand naturaliste lui-même, qui venait d’écrire l’Anatomie comparée, le représentant, par excellence, de la science de cette époque, ne reconnut pas, en 1807, où tendaient ces travaux exécutés presque sous ses yeux, et quel avenir ils ouvraient à l’histoire naturelle. Comment Geoffroy Saint-Hilaire, incompris de Cuvier, eût-il été compris par d’autres ? Il ne le fut que par le plus illustre des zootomistes de l’Allemagne, Blumenbach, applaudissant, dès 1809, à cette nouvelle ostéologie illustrée par l’ostéogénie[2]. Et au milieu de ce silence presque universel, il put sembler que les efforts de Geoffroy Saint-Hilaire étaient restés perdus pour la science, et que, comme le laboureur de l’Évangile, il avait semé sur le roc. Mais les germes, déposés par lui, peu à peu se développaient, et cinq années à peine

  1. Premier Rapport, p. 177.

    Aussi Cuvier ne fait-il ici nulle difficulté d’admettre l’unité de plan pour les Vertébrés, et même il va plus loin que Geoffroy Saint-Hilaire lui-même ; car il présente les Poissons comme s’écartant seulement un peu plus que les autres Vertébrés de ce plan général. Pourquoi faut-il que la conformité apparente des vues des deux auteurs n’ait tenu qu’à un malentendu ?

  2. Nous ne traduisons pas ; nous transcrivons. Cette belle expression est extraite d’une lettre écrite en français, et adressée par Blumenbach à Geoffroy Saint-Hilaire dans les premiers jours de 1809.