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CHAPITRE I.

Et pourtant, il restait à sa fenêtre, ne pouvant détacher son esprit de la pensée d’être utile aux ecclésiastiques de Navarre et du Cardinal Lemoine, et toujours prêt à saisir les chances favorables qui pourraient naître des circonstances. Il attendit en vain toute la soirée ; mais, dès que la nuit fut venue, il se rendit avec une échelle à Saint-Firmin, à un angle de mur qu’il avait, le matin même, afin de tout prévoir, indiqué à l’abbé de Keranran et à ses compagnons. Il passa plus de huit heures sur le mur, sans que personne se montrât. Enfin, un prêtre parut, et fut bientôt hors de la fatale enceinte. Plusieurs autres lui succédèrent. L’un d’eux, en franchissant le mur avec trop de précipitation, fit une chute, et se blessa le pied. Geoffroy Saint-Hilaire le prit dans ses bras, et le porta dans un chantier voisin. Puis il courut de nouveau au poste que son dévouement lui avait assigné, et d’autres ecclésiastiques s’échappèrent encore. Douze victimes avaient été ainsi arrachées à la mort, lorsqu’un coup de fusil fut tiré du jardin sur Geoffroy Saint-Hilaire, et atteignit ses vêtements. Il était alors sur le haut du mur, et tout entier à ses généreuses préoccupations, il ne s’apercevait pas que le soleil était levé !

Il lui fallut donc descendre et rentrer chez lui, à la fois heureux et désespéré. Il venait de sauver douze vénérables prêtres ; mais il ne devait plus