Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
CHAPITRE VIII.

qui est la règle pour une autre. » Et l’Homme lui-même dévie rarement de son type régulier, sans que quelques-uns de ses organes présentent les dispositions normales de l’un des êtres placés au-dessous de lui dans la série.

Cette répétition fréquente des traits caractéristiques d’une espèce par les anomalies d’une autre, n’a pas plutôt frappé Geoffroy Saint-Hilaire qu’il en recherche et en découvre la cause générale : comment eût-elle échappé à celui qui le premier, et dès 1806, avait éclairé des vives lumières de l’embryogénie l’anatomie comparée elle-même ? Un Monstre est, pour lui, un être, chez lequel ne se sont point accomplies toutes les transformations qui devaient l’élever successivement à son type normal ; un être qui a subi un retardement de développement ; qui est, à quelques égards, resté embryon, comme si la nature se fût arrêtée en chemin pour donner à notre observation trop lente le temps et les moyens de l’atteindre. Idée fondamentale que Meckel avait déjà conçue depuis quelques années, mais au point de vue de la doctrine de la préexistence des germes, si vivement combattue à diverses reprises par Geoffroy Saint-Hilaire.

Ainsi, non-seulement la régularité fondamentale des Monstres est reconnue, mais leurs désordres méthodiques, comme les appelle Geoffroy Saint-Hilaire, sont ramenés à de simples inégalités dans