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CHAPITRE X.

types formés ou conservés sous l’influence de l’ordre actuel des choses.

C’est donc l’expérience seule qui peut trancher la question[1]. Contraindre les animaux à faire ce qu’ils ne feraient pas d’eux-mêmes ; les transporter en des climats étrangers ; les soumettre à une autre nourriture, à d’autres habitudes ; les entourer de circonstances nouvelles ; changer en un mot, dit Geoffroy Saint-Hilaire, leur monde ambiant ; agir ainsi, non sur l’individu seulement, mais sur la race : tel est le seul moyen de décider, si, comme le prétend Cuvier, les variations ne sauraient atteindre que des caractères accessoires et de nulle valeur. Et ici, admirons le génie de Bacon, qui disait déjà, il y a deux siècles aux naturalistes : Tentez de faire varier les espèces elles-mêmes, seul moyen de comprendre comment elles se sont diversifiées et multipliées. Eh bien ! ces expériences que

  1. On a voulu faire intervenir dans cette grande question et comme arguments décisifs, les résultats des expériences sur le croisement des espèces. Ces expériences sont d’un grand intérêt, et peuvent conduire à des conséquences importantes, mais d’un autre ordre. Admettons que deux espèces ne puissent donner naissance, par leur mélange, à un type intermédiaire persistant : qu’y a-t-il à conclure de l’impossibilité de créer ainsi, subitement et brusquement, de nouvelles espèces, contre la possibilité de modifications graduellement et lentement produites dans l’organisation d’une espèce sous l’influence des circonstances extérieures ?