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CHAPITRE XI.

problèmes de l’histoire naturelle ; d’une part, la préexistence des germes et l’Unité de composition organique ; de l’autre, la valeur des classifications, la fixité des espèces, les causes finales et la succession des êtres organisés à la surface du globe. Il le fallait ; car leur divergence remontait jusqu’au point de départ de la science, jusqu’aux premiers principes, jusqu’à la méthode. Et si eux-mêmes se fussent arrêtés en chemin, ils eussent légué à leurs disciples le devoir de rouvrir après eux le débat, et de le poursuivre jusqu’à ce que la scission des deux écoles fût devenue complète. Ce n’était donc ni par l’entraînement de la lutte, comme quelques-uns l’ont supposé, ni sous l’empire de circonstances qui ne furent jamais que des occasions ; c’était par des causes plus hautes et plus dignes, par les impérieuses nécessités de la logique, qu’une ancienne amitié se transformait en une opposition plus complète, plus irréconciliable d’année en année. Ce n’était pas un duel entre deux personnes, mais un conflit entre deux doctrines embrassant l’universalité des faits d’une science, et avant tout, entre deux méthodes radicalement différentes : le même, sous une autre forme et dans un autre ordre d’idées, qui a divisé, dans l’antiquité aussi bien que dans les temps modernes, tant d’esprits éminents, grandis par la lutte même de leurs doctrines.