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ÉVÉNEMENTS DE 1830.

explication, prévenir une fausse interprétation de quelques-unes de nos paroles. L’effet trop ordinaire d’un débat public et animé est de convertir peu à peu de simples dissidences d’opinion en irréconciliables inimitiés. Parfois aussi, mais bien rarement (nous en citerions toutefois plusieurs exemples) la conciliation naît du débat lui-même où le vaincu a su honorer sa défaite en la proclamant lui-même. La discussion académique de 1830 n’eut ni l’un ni l’autre de ces dénouements : Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire restèrent après elle, comme nous l’avons dit, adversaires scientifiques, chacun d’eux conservant et se tenant prêt à défendre de nouveau

    comparaisons minutieuses entre les os du crâne de tous les Vertébrés… me conduisirent, presque malgré moi, à la vérification d’un certain nombre de résultats publiés par les deux académiciens nommés ci-dessus. Ainsi vaincu par l’évidence dans les détails, j’admis d’abord les lois qui me parurent rationnellement établies ; puis, remontant jusqu’à la loi fondamentale de cette doctrine en préparant les matériaux d’un cours de zoologie, je conçus avec une clarté qui m’étonna moi-même, l’analogie de structure dans la série des êtres animés, et je crus pouvoir, en adoptant de nouvelles bases, pousser plus loin encore que l’auteur de la Philosophie anatomique, la démonstration de cet important problème. Si j’ai réussi dans ce projet, c’est principalement à lui que je le dois ; c’est lui qui m’a inspiré, comme à tant d’autres, le goût de ces méditations générales qui planent sur les observations spéciales comme les opérations de l’esprit sur celles des sens. »