Aller au contenu

Page:Vie, travaux et doctrine scientifique d'Étienne Geoffroy Saint-Hilaire.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
PREMIÈRES RELATIONS AVEC CUVIER.

Geoffroy Saint-Hilaire parvint à faire croire à ces forcenés que les indices déjà recueillis par eux étaient faux, et que Lacépède vivait retiré dans le midi de la France ! Déplorable époque que celle où, pour faire le bien, il fallait violer les lois et trahir la vérité !

Heureux du succès de son adresse, Geoffroy Saint-Hilaire ne voulut pas même que la tranquillité de Lacépède fût troublée : il garda le silence sur ce qu’il venait de faire ; Lacépède était sauvé ; c’était assez : qu’avait-il besoin de trouver une autre récompense dans la reconnaissance d’un ami ? Cette récompense qu’il ne voulait pas, il l’eut cependant, et dans quelles circonstances ! Près de dix ans plus tard, Madame de Lacépède, cette Anne-Caroline dont le souvenir a été gravé dans la science en traits ineffaçables par la tendresse et les regrets de son époux, allait succomber jeune encore. Geoffroy Saint-Hilaire fut appelé près de son lit de mort. Madame de Lacépède savait tout depuis longtemps, mais sous le secret, et elle s’était tue. Mais, quand elle se vit près de descendre dans la tombe, cette noble femme voulut voir Geoffroy Saint-Hilaire, et lui exprimer solennellement sa reconnaissance : ce furent presque ses dernières paroles !

V.

Dans l’histoire des hommes comme dans celle des nations, les événements n’ont pas une marche