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CHAPITRE III.

le général Reynier, commandant la division d’avant-garde, les généraux Manscourt et Julien, et plusieurs officiers distingués. Geoffroy Saint-Hilaire, devenu, selon son expression, l’un des soldats lettrés de l’armée d’Orient, crut devoir saisir une occasion si favorable de devenir moins étranger aux travaux et aux devoirs militaires. Dans ces longues conversations qu’engendre le loisir du bord, il se faisait tour à tour l’élève en tactique des généraux, et leur professeur de physique et d’histoire naturelle. Ce fut pour eux, autant que pour lui-même, qu’il fit sur un requin, pris le vingtième jour de la navigation, des expériences de galvanisme, qui furent pour l’équipage tout entier un sujet d’étonnement et de vif intérêt. Il fit ensuite l’anatomie du requin ; et étant parvenu à se procurer les deux pilotes qui l’accompagnaient, et à recueillir sur eux de curieuses observations, il jeta dès lors les bases d’un mémoire, publié neuf ans plus tard, sur l’affection mutuelle de certains animaux.

Ces paisibles occupations furent plusieurs fois troublées par de vives alertes. Tantôt on signalait à l’horizon une escadre anglaise, et en peu d’instants on ne voyait plus, on n’entendait plus sur la frégate que des préparatifs de défense, que des cris de guerre. Une autre fois, en vue des côtes de la Sardaigne, Geoffroy Saint-Hilaire lui-même devenait pour tous un sujet d’alarme. Il se rendait à