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DE TORMÈS

Je m’examinai et me vis si maltraité, qu’aussitôt j’eus vent de mon mal.

À cette heure entrèrent une vieille charmeresse et les voisins, qui se mirent à m’enlever des linges de la tête et à me panser le coup de bâton ; et comme ils virent que j’avais repris connaissance, ils s’en réjouirent beaucoup et me dirent : « Allons, vous avez recouvré vos sens ; s’il plaît à Dieu, ce ne sera rien. » Puis ils recommencèrent à conter mes misères et à en rire, et moi, pauvret, à en pleurer. Avec tout cela, ils me donnèrent à manger, car j’étais transi de faim, et c’est à peine s’ils purent me secourir. Enfin, petit à petit, au bout de quinze jours, je pus me lever et demeurai hors de danger, mais non pas hors de faim ni complètement guéri.

Le lendemain du jour où je me levai, le seigneur mon maître me prit par la main, et,