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LAZARILLE

était posée la chose, qui, sans en avoir l’air, à cause qu’elle était peu accoutumée d’être lavée et contenait beaucoup moins de laine qu’il n’eût été besoin, servait de matelas. Nous l’étendîmes, faisant notre possible pour l’amollir, mais inutilement, car il est malaisé de rendre le dur tendre. Et ce diable de bât était si complètement vide, que, mis sur la claie de cannes, toutes les cannes s’y dessinaient au point, qu’à le voir, on eût dit l’échine d’un fort maigre pourceau. Sur cet affamé matelas, nous mîmes une couverture de même qualité et dont je ne pus distinguer la couleur.

Le lit fait et la nuit venue, mon maître me dit : « Lazare, il est tard déjà, et d’ici à la place