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Page:Vie de Lazarille de Tormès, 1886.djvu/171

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DE TORMÈS

plaintes, ni le bruit, ni les clameurs qui remplissaient l’église n’étaient capables de le tirer de sa pieuse contemplation. Enfin ces bonnes gens s’approchèrent de lui, et, l’appelant, le réveillèrent et le supplièrent de secourir ce pauvre homme qui se mourait, sans tenir compte de ce qui s’était passé ni de ses mauvaises paroles, puisqu’il en avait déjà reçu le payement ; et lui dirent que s’il pouvait quelque chose pour délivrer l’alguazil du péril où il était et des souffrances qu’il souffrait, il le fît pour l’amour de Dieu, car ils étaient pleinement convaincus de la faute du coupable et de sa vérité et bonté à lui, le Seigneur, à sa requête et pour le venger, n’ayant voulu différer le châtiment.

M. le Commissaire, comme qui se réveille d’un doux sommeil, les regarda, regarda le délinquant et tous ceux qui l’entouraient, puis, d’un ton fort posé, leur dit : « Bonnes gens, jamais vous n’auriez dû prier pour un homme en qui Dieu a si puissamment manifesté sa puissance ; toutefois, comme il nous commande de ne point rendre mal pour mal, mais de pardonner les injures, nous pouvons en confiance