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DE TORMÈS

Étant donc en cette affliction (dont Dieu veuille délivrer tout fidèle chrétien) et me voyant, sans que j’y susse donner conseil, aller de mal en pis, un jour, tandis que mon anxieux, méchant et ladre de maître était hors du village, par aventure vint à ma porte un chaudronnier, que je crus être un ange par Dieu envoyé sous cet habit. Il me demanda si j’avais quelque chose à rapetasser. « En moi vous trouveriez assez à rapetasser, et vous ne feriez pas peu en me raccoutrant », dis-je si bas qu’il ne m’entendit point. Mais comme je n’avais pas de temps à perdre en gentillesses, comme illuminé par le Saint-Esprit, je lui dis : « Oncle, j’ai perdu une clef de ce coffre, et je crains que mon maître ne me fouette ; par votre vie, voyez si parmi celles que vous portez, vous n’en trouvez pas quelqu’une qui l’ouvre : je vous la paierai. »

L’angélique chaudronnier se mit alors à en