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LA RONDE DES ANNÉES




A Philibert Delorme


Par l’indécision d’un vieux conte de fées,
Au faîte ardu d’un mont parsemé de trophées,
D’énervantes senteurs m’arrivaient par bouffées

Du gouffre où pourrissaient vingt enfants mortes-nées ;
Un tournoîment de ronde et de roses fanées
Qu’on foule : c’était la ronde de mes années.

Des filles, en chantant, des femmes, des vieillardes
Passaient et repassaient, rougissantes, blafardes,
Les unes ceintes d’or, d’autres serrant leurs hordes.