Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/136

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Et, si tu n’aimes pas, qu’importe ?
Qu’importe l’amant gisant à ta porte ?
L’aube se lève, et toi !
Et tout est calme et recommence : tu aimes un autre !
— Ta vie est folle et forte —
Tu hais un autre…

Ce peu de vie que bat mon cœur d’une heure,
Je l’ai mêlé, pensif, à ta rumeur,
Toule inlassée comme le flot des heures,
Et de la mer ;
Et penché sur le livre humain,
Comme d’un promontoire,
J’ai respiré le souffle de tes marées d’équinoxe,
Dès mille et mille années
Et par delà ;
J’ai vu palpiter ton espoir,
J’ai vu mourir des destinées
Et se lever des aubes pardonnées :
Je t’ai rêvée farouche et tendre et telle
Que j’ai pleuré d’amour te rêvant belle ;

Car tu es jeune comme la vie, ce soir ;
Ta foi est toujours neuve comme l’aurore ;