Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/20

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Dieu sait mon choix. »

« Reste !
Et quand j’ai su ton nom,
J’allais, de rue en rue, le répétant
Si haut, sans doute, et avec tant de gestes,
Qu’on riait… »

« Seigneur, me faites-vous affront ? »

« Agnès !
Si tout l’or de Symphronius, mon père,
Est peu pour faire à ta beauté un piédestal ;
Et si tout mon amour est peu de chose
Devant tes pieds — effeuillaison de roses,
Parfums répandus sur un seuil de pierre — ;
Du moins, dis-moi jusqu’à demain : Espère !
Dis-le, comme un léger mensonge de femme
Qui promet mieux qu’un rêve à l’enfant qu’elle endort :
Dis-moi, sans même y croire, le mot d’espoir,
Dis-le, même en riant, par moquerie :
Qu’il soit encor mon étoile, ce soir,
Si, veillant ton songe endormi,
J’invoque ton image en regardant la nuit,