Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/66

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Soudain sérieuse, elle a fait halte,
La tête penchée sur l’épaule ;
Le coude haut étend sa large manche
Dont la soie flotte et frôle,
Toute d’or, la croupe blanche
Et la main fait aux yeux où vont sourdre deux larmes
Un abri léger comme une aile
Contre le soleil déjà lourd d’avril :
Elle regarde derrière elle
La ville…

C’est Braga, ville blanche ;
Le roi, son père, l’a cernée de murailles
Et, tantôt, cette voûte en arche
Qu’on voit comme un point noir entre les branches
Retentissait de sonnailles claires,
Le jour étant venu que l’on s’en aille
Aux fiançailles…
Et plus loin, c’est la mer.

Elle pleure ; la large manche d’or
S’affaisse et pend en plis soyeux
Comme la bannière au vent qui meurt…
Brusque, elle se retourne et, d’un rire joyeux,