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Page:Vielé-Griffin - L’Amour sacré, 1903.djvu/83

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Et pourtant…

Si je ne le vois, d’autres savent le voir :
Lorsque j’arrive vers le soir
— Quand nous arrivons, dois-je dire —
Sur le mail joyeux d’un village en fête ;
On lui parle — à lui seul — par égard
Pour son âge et sa barbe et son profond regard ;
Or j’écoute ; et je reste à sourire.

« Pauvre vieux », lui dit-on ;
Et les filles rieuses
Se prennent par la main et tournent autour de nous ;
Mais les femmes s’en viennent hors des portails, pieuses,
Lui demander l’aumône d’un geste, à genoux ;
Et — songeant qu’il bénit — je bénis leurs enfants,
En riant, à mon tour, de bénir à vingt ans !

Et, comme j’ai faim, ils me donnent du pain ;
Et, le lendemain, je reprends le chemin ;
Et je suis le vent qui s’en va devant…