Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/33

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Reprise et prolongée aux doigts des mêmes jours, Dont la ronde liée enveloppe le monde ; Et leur lèvre se mire en pétale sur l’onde, Et le parfum, encor, des baisers échangés Flotte, amoureusement, parmi les orangers. Vers la forêt, à l’est, qui, là-bas, lui fait signe, Elle dresse un pignon fleuronné d’où la vigne, Aux mille pas des ceps, court et rejoint l’orée ; Au nord, vêtant ses toits d’une mousse dorée, Allongée, elle semble étaler une traîne Et sourire au blé clair la grâce un peu hautaine De cette Fronde où sa jeunesse fut mêlée ; Vers le couchant, où plane une musique ailée, Le berceau de la roseraie, au soir plus rose, Unit, sous la charmille antique où toujours cause Une fontaine avec la brise, seuls témoins, Son lourd parfum charnel à l’effluve des foins Ou, selon la saison, aux mille fleurs du pré ; Et le plateau s’étend, plantureux, diapré, Jusqu’aux quatre horizons comme une mer étale, Portant, à l’infini, l’hémisphère totale Où le soleil est roi de l’aurore au couchant