Page:Vielé-Griffin - Le Domaine royal, 1923.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Agrippent, dans leur songe, un horizon trop ample, Presque, pour se pencher vers ce baiser de rêve... N’est-ce moi, le rêveur ? Car voici que se lève, Entre l’ombre du chêne et son feuillage noir, Encontre le ciel d’or où s’inscrit sur le soir Sa stature de fer anguleuse et rouillée, Saint Martin, dont l’épaule droite est dépouillée Du manteau, l’autre lé couvrant l’épaule gauche. Il fait un pas, lui qui, de jour de nuit, chevauche, Projetant sur sa route embrasée ou lunaire, Carrure équestre, émoi de cent légionnaires, En ombre d’épouvante et d’espoir et de haine Et d’allégresse et de terreur, la Paix Romaine. Et je lui dis — ma voix en parlant se rassure A contempler sa mâle et si triste figure Dont la bonté s’aggrave et, soucieuse, pense Au devoir, oublieux de Votre récompense, Seigneur, qui brille au loin sur la campagne claire —: « Chevalier, qu’il fait doux en ce jour millénaire,