Page:Vielé-Griffin - Plus loin, 1906.djvu/83

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O Poète, ce Don de Vie, ton gai délice,
Pèse — comme le fardeau d’aumône au tablier
De la reine au cœur pur du naïf fablier
Qui, tremblante et si pâle qu’on eût dit un grand lis
Et rejetant le pli de sa gonne troussée,
Fit, devant ses pieds blancs, comme un défi au vice,
S’éparpiller à flots les roses en rosée…
Ouvre ton cœur serré, ouvre tes mains fermées ;
Montre ta grave aumône de tendresse voilée ;
Qui sait l’arrière écho de tes chansons ailées ?
Si tel geste ne suivra leur vol vers l’empyrée ?
Si, par un soir de joie dans les belles années,
Tes roses nourricières ne seront moissonnées
A régal des épis des grands blés fraternels ?
Car l’Heure est ainsi faite, idéale et réelle,
Que l’âme avec le corps s’en nourrit à sa faim
Et le pain se fait rose et la rose est du pain.