Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/105

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et Gassendi à se réfugier au pied des Alpes. Corneille, Racine, Molière, Despréaux, attaquoient impunément les vices de la cour, et jusqu’aux défauts du monarque. Louis XIV imposoit silence à la colère de ses courtisans ; et l’audace de ces immortels censeurs n’arrêtoit point le cours de ses bienfaits. La Fontaine n’avoit pas été puni des regrets touchants, des vers honorables que la disgrace de Fouquet lui avoit inspirés ; et Pellisson, qui avoit osé comme lui défendre cette grande victime de l’envie, n’en avoit pas moins fini par être comblé des faveurs de son roi. C’est qu’il étoit grand alors !… Mais cette grandeur disparut ; il ne resta que l’orgueil ; et l’orgueil est si susceptible ! Fénélon fut le premier qui porta la peine d’une censure indiscrète. La disgrâce de Racine fut la seconde ; et si d’Argenson n’eût soutenu Fontenelle contre les infâmes accusations du jésuite Letellier, le traducteur du Traité des Oracles auroit expié, par la perte de ses pensions et de sa liberté, le succès d’un ouvrage qui étoit depuis vingt ans en possession de la presse. L’autorité marcha dès-lors dans cette voie funeste, La