Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/117

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Quel spectacle, madame, que la vie et la mort du sage ! Quel baume il répand sur une ame froissée par les agitations du monde ! Comme il tempère les passions humaines ! Et quel doit être le bonheur de ceux qui le donnent, puisqu’il fait à ce point le bonheur de ceux qui le contemplent ! J’étois appuyé sur cette tombe ; et, les yeux fixés sur la terre, j’en respirois les émanations bienfaisantes. Je me rappelois le système des Pythagoriciens ; et, me repaissant des illusions de la métempsycose, j’enviois la destinée du jeune corps qui avoit reçu l’ame de cet aimable philosophe. L’aspect de trois magnifiques sépulcres, qui se dessinoient sous mes yeux, vint me distraire de ces heureuses méditations. Je descendis de la colline, et me dirigeai vers le plus élevé de ces tombeaux. En tournant autour de ce monument, j’aperçus deux hommes jeunes encore qui attachoient aux barreaux d’une porte de bronze une couronne de laurier et de chêne. Ce tribut n’étoit point celui d’une famille ; c’étoit un hommage rendu à de grandes vertus civiques ; et je n’en fus point surpris quand je lus le nom de Monge