Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/183

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Je n’y vois plus qu’une folie,
Une erreur de sa vanité ;
C’est désavouer son génie,
Et renier son immortalité.


C’est ce même orgueil sans doute qui l’éloignoit dans sa jeunesse de la société des grands, au milieu desquels il auroit voulu naître ; et cette foiblesse, que sembloient accréditer les titres dont il aimoit à se parer pendant sa vie, a fait calomnier son silence poétique. On a cru même qu’il rougissoit d’un talent auquel il avoit dû son élévation. Ce n’étoit pourtant ni de l’indifférence ni de l’ingratitude, ce n’étoit pas même de la modestie : il trembloit comme un enfant à la seule idée d’une critique ; il portoit la sensibilité dans ce genre jusqu’au ridicule ; il craignoit surtout dans ces derniers temps d’exposer sa renommée aux vengeances d’un parti qu’il avoit froissé, peut-être sans le vouloir. Mais la postérité a commencé pour lui, et tout le monde sera juste envers sa mémoire.


Le goût seul jugera
Et ses vers immortels, attendus trop long-temps
Vainqueurs de l’envie et du temps.