Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/200

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Avant de vous donner leur place. »


Cette réponse, madame, fait honneur à un roi ; elle est digne d’un fils d’Henri IV. Mais les courtisans n’en perdront ni leur avidité ni leur impudence. Ce n’est point la satire des hommes du jour que je veux faire. Je connois à peine les courtisans de mon siècle, et ne les juge que par analogie. Dès l’instant qu’un homme a eu des grâces à répandre, il a été environné de ces mendiants dorés qui n’ont souvent d’autres titres pour les obtenir que l’importunité et la bassesse. Le monde y est fait depuis long-temps ; ils ont épuisé tous les traits de la satire, et les termes injurieux du vocabulaire de tous les peuples. Plutarque les comparoit aux plus vils des insectes qui vivent du sang de l’homme. Les courtisans, disoit La Bruyère, n’ont d’autre dieu que l’intérêt, d’autre idole que la fortune, d’autre moyen de réussir qu’une véritable et naïve impudence ; ce sont des hommes avides, qui ne savent que recevoir et envier tous ceux à qui l’on donne. N’espérez d’eux ni candeur, ni franchise, ni équité, ni générosité, ni bien-