Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/260

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reste à vous entretenir. Devant moi s’étend un large plateau, où les pierres sépulcrales, rangées sur des lignes parallèles, n’occupent toutes que le même espace de terre. Les arbrisseaux qui les ombragent, les fleurs qu’on y cultive, sont les seuls ornements qui rompent la monotonie de leurs alignements symétriques. Je me lançai au hasard dans ce labyrinthe, et le premier nom qui fixa mes regards fut celui du général Anselme, qui, dans les premiers temps de nos guerres nationales, défendit contre les Piémontais les rochers du Var et les frontières de la Provence. Là se trouve encore le général Férino, qui se distingua plus tard parmi les lieutenants des vainqueurs de Fleurus et d’Hohenlinden.

En revenant vers l’occident, sous un massif de verdure que j’ai eu quelque peine à écarter, j’ai découvert la tombe de Millevoye, de ce jeune poète qui fut couronné trois fois par l’Académie françoise, mais qui n’a point rempli les brillantes espérances que son début nous avoit données. Encouragé par ses triomphes, il avoit pris un vol trop élevé pour la foiblesse de ses ailes. Ce n’est point avec une