Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/273

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Les jours que nous passons à troubler nos rivaux
Sont perdus pour la renommée.
Nos traits ingénieux et nos malins propos
Font les délices du vulgaire ;
Mais c’est flétrir son caractère,
C’est dégrader son art, pour amuser les sots.


Je ne me flatte point, madame, de corriger à cet égard les poètes et les artistes. Les débats polémiques sont aussi vieux que la littérature ; ces turpitudes sont encore un héritage des vieux temps, comme les espions, les délateurs, les sorciers, les épreuves du feu, et les sauvegardes que la médiocrité place aujourd’hui dans les parterres. M. de Châteaubriand nous a dit un jour, après Cerutti, que le créateur avoit fait le monde vieux. C’est le monde moral qu’il falloit dire. Il valoit mieux nier l’âge d’or et démentir les patriarches que d’avancer un brillant paradoxe. Les erreurs, les vices, les foiblesses, et les ridicules de l’humanité, datent de la naissance de l’homme. Mais le perfectionnement des arts, des lois, et des sciences, est le partage de notre siècle ; et c’est en cela que nous valons mieux que nos ancêtres. Quant à la