Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/286

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Les sujets de ces mêmes rois.
S’ils étoient nés sous la loi de nos princes,
S’ils osoient de leurs mœurs infester nos provinces,
Le glaive ou l’échafaud finirait leurs destins :
Mais ils ont de l’Afrique usurpé les rivages ;
Nous traitons avec eux, nous souffrons leurs outrages ;
Nous légitimons leurs larcins.
Que dis-je ? si jamais leurs malheureux esclaves,
Si les captifs de ces forbans,
S’armoient du cimeterre, et, brisant leurs entraves,
Frappoient leurs indignes tyrans…


Je n’achèverai point, madame ; et je n’ai pas besoin d’achever pour être entendu. On s’apprête même à crier au paradoxe ; mais quelle différence existe-t-il entre l’esclavage des Grecs et celui des chrétiens entassés dans les bagnes de Tunis et d’Alger ? Est-ce pour eux que les Grecs moissonnoient ? Jouissoient-ils en paix du fruit de leur industrie ? Le fouet et le glaive n’étoient-ils pas à chaque instant levés sur leurs têtes ? Ils dormoient au sein de leurs familles ; mais s’endormoient-ils avec la certitude de les retrouver à leur réveil ? Le dernier des janissaires ne se croyoit-il pas le maître des biens et de la vie du pa-