Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/288

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littéraire, le fondateur du Journal de Monsieur, l’inventeur des feuilletons, la providence du journal de l’Empire, l’Aristarque de son siècle. Quelle rencontre pour un auteur !!! J’en frémis comme s’il eût été vivant ; car jamais puissance littéraire ne fut plus redoutable aux malheureux, possédés comme moi du démon de la métromanie. Mais dans quel état d’abandon venois-je de retrouver cette puissance ! Sous une tombe grossière, loin des chemins battus, à l’extrémité d’un taillis abandonné aux caprices de la nature, environnée d’une foule de tombeaux obscurs, qui, loin d’attirer les regards, les attristent par leur délabrement et leur indigence : c’étoit là le dernier asile de celui qui avoit tenu pendant quinze ans le sceptre de la critique, et disposé de toutes les renommées littéraires ; de celui dont la cour, la ville, et la province, attendoient les jugements comme des oracles. La nature la voit créé pour purger notre Parnasse du venin des fausses doctrines et de la tourbe des indignes qui en assiègent les avenues ; et personne n’auroit été plus digne de cette mission, si une sévère impartialité en eût toujours