Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/51

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Méhul excita le même enthousiasme sur la scène lyrique. Son coup d’essai fut un chef-d’œuvre. La musique d’Euphrosine produisit un effet extraordinaire. Le théâtre n’avoit jamais retenti de tant d’acclamations. Grétry fut le plus ardent de ses admirateurs. Méhul est Gluck à trente ans, secrioit-il en accueillant ce rival de sa gloire. Gluck l’avoit en effet initié dans les secrets de son art. On répétoit l’Iphigénie en Tauride de ce grand maître : un pauvre enfant, désespéré de ne pouvoir le lendemain payer sa place, s’étoit caché dans une loge ; on le découvre, on le conduit à Gluck, qui l’interroge. Cet enfant étoit Méhul. L’auteur d’Iphigénie et d’Armide cultiva ses dispositions ; il l’éclaira de ses conseils ; il lui montra la partie philosophique de cet art sublime ; il lui transmit cette facture savante, cette force d’expression dramatique, ce chant large et suave, qui le placèrent au-dessus de ses rivaux. Quarante compositions forment son immortelle couronne. On y distingua les partitions d’Ariodant, d’Une Folie, de Joseph, et sur-tout de Stratonice, le plus pur, le plus harmonieux, le plus mélo-