Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/53

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ments de doute et d’incertitude étoient les effets d’une imagination capricieuse, de cette sensibilité profonde dont l’avoit doué la nature, et sans laquelle il n’est point de génie. Méhul l’excitoit encore en plaçant, dans le feu de la composition, une tête de mort sur son piano. Mais cette sensibilité n’est souvent qu’un présent funeste ; elle a précipité Méhul dans la tombe ; et si le théâtre nous fait encore jouir des accords de ce nouvel Orphée, le monde regrette l’homme aimable qui lui a été ravi avant le temps, et qui s’y faisoit remarquer par son instruction comme par son esprit.


Pour aimer ce fils d’Apollon,
Il suffisoit de le connoître :
Ses amis étoient fiers de l’être ;
Car l’amitié pour lui n’étoit pas un vain nom.
Je l’ai connu trop tard ce roi de l’harmonie !
Le feu du sentiment, la flamme du génie,
Étoient prêts à le consumer ;
Et, fuyant les chagrins qui dévoroient sa vie,
Il crut en vain la rallumer
Au soleil de l’Occitanie.
Il partit, et l’espoir hésita dans nos cœurs.