Page:Viennet - Promenade philosophique au cimetière du père la Chaise.djvu/86

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Et leurs cris le chargeoient du plus noir des forfaits !
Ces cris ont allumé sa verve satirique :
Il attaque des sots la horde fanatique ;
Il les accable de ses traits,
Venge la liberté, le goût, et le génie,
Voltaire et la philosophie,
De leurs insolents détracteurs ;
Et du fiel que pour lui broyoit la calomnie,
Noircit ses calomniateurs.
Son frère le console, et jouit de sa gloire,
Par ses embrassements confond l’iniquité ;
Et, laissant à la vérité
Le soin de venger sa mémoire,
Consacre son génie à l’immortalité.


Cette justice arrivera lentement, madame ; car nous vivons dans le siècle des préventions. Les hommes de génie n’avoient autrefois à combattre que l’envie et la sottise ; l’esprit de parti est venu ajouter aux entraves dont leur carrière étoit semée ; et sa haine est d’autant plus à craindre, qu’elle ne s’éteint point sur la tombe des malheureux dont elle a tourmenté l’existence. Chénier et Delille sont là pour l’attester. Ces deux poètes, les plus fameux de la génération dernière, ne marchoient point sous le même étendard : Chénier fut