Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/17

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sainte Agnès, celui du bourreau qui la frappe d’un poignard forme un si cruel contraste avec cette nature toute divine, que la vue de cette admirable tableau me saisit d’une pieuse admiration.

Je m’étais agenouillée devant le chef-d’œuvre, et les sons de l’orgue me faisaient entendre l’ouverture d’Iphigénie parfaitement bien exécutée. Le rapprochement involontaire que je fis entre la jeune victime des païens et la jeune victime chrétienne, le souvenir du temps si calme et si heureux où j’avais entendu cette même musique, et la triste pensée des maux qui pesaient alors sur ma malheureuse patrie, tout oppressa mon cœur au point que je me mis à pleurer amèrement et à prier Dieu pour la France. Heureusement j’étais seule dans l’église, et je pus y rester long-temps, livrée aux émotions si vives qui s’étaient emparées de mon ame.

En sortant, j’allai visiter plusieurs des palais qui renferment les chefs-d’œuvre des grands maîtres de l’école de Bologne, plus féconde