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de madame lebrun.

appris mon arrivée, vint me voir aussitôt. Son esprit et ses connaissances dans les arts faisaient de lui le plus aimable cicérone, et je me réjouis beaucoup de cette rencontre. Dès le lendemain, jour de l’Ascension, il me conduisit sur le canal où se faisait le mariage du doge avec la mer. Le doge et tous les membres du sénat étaient sur un bâtiment doré en dedans et en dehors, appelé le Bucentaure ; mille barques dont plusieurs portaient des musiciens, l’entouraient. Le doge et les sénateurs étaient vêtus de noir et coiffés de perruques blanches à trois marteaux. Lorsque le Bucentaure fut arrivé au lieu fixé pour la célébration du mariage, le doge tira de son doigt un anneau qu’il jeta dans la mer, et dans le même instant, mille coups de canon instruisirent la ville et ses environs de cet hymen solennel, qui se termine par une messe.

Une foule d’étrangers assistaient à cette cérémonie. Je trouvai là, entre autres, le prince Auguste d’Angleterre, ainsi que la charmante princesse Joseph Monaco, qui s’apprêtait alors à