Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/58

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Les voitures, les chars vont et reviennent remplis de personnes costumées richement. Les chevaux sont parés de plumes, de rubans, de grelots, et la livrée porte des habits de scaramouche ou d’arlequin mais tout cela se passe le plus tranquillement du monde. Enfin vers le soir, quelques coups de canon annoncent les courses de chevaux, qui animent le reste du jour.

Une de mes jouissances, dès que je fus arrivée à Rome, fut celle d’entendre de la musique, et certes, les occasions ne manquaient pas. La célèbre Banti s’y trouva pendant mon séjour. Quoiqu’elle eût chanté plusieurs fois à Paris, je ne l’avais jamais entendue, et j’eus cette jouissance à un concert qui se donna dans une galerie immense. Je ne sais pourquoi je m’étais figuré qu’elle avait une taille prodigieusement grande. Elle était au contraire très petite et fort laide, ayant une telle quantité de cheveux, que son chignon ressemblait à une crinière de cheval. Mais quelle voix ! il n’en a jamais existé de pareille pour la force et l’éten-