Page:Vigée-Lebrun - Souvenirs de Mme Louise-Elisabeth Vigée-Lebrun, tome 2.djvu/64

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d’un grand tumulte. J’envoyai savoir ce qui se passait, et l’on revint me dire qu’un homme venait d’en tuer un autre avec son poignard. Comme ces manières d’agir m’effrayaient beaucoup pour les étrangers, on m’assura que les étrangers n’avaient rien à craindre, qu’il ne s’agissait jamais que de vengeance entre compatriotes. Dans le cas dont il est question notamment, il y avait dix ans que l’assassin et l’homme assassiné s’étaient pris de querelle le premier venait de reconnaître son adversaire, et l’avait frappé de son poignard ce qui prouve combien de temps un Italien peut conserver sa rancune.

A coup sûr, les mœurs de la classe élevée sont plus douces, car la haute société est à peu près la même dans toute l’Europe. Toutefois, j’en serais assez mauvais juge ; car à l’exception des rapports relatifs à mon art, et des invitations qui m’étaient adressées pour des réunions nombreuses, j’ai eu peu de moyens de connaître les grandes dames romaines. Il m’est arrivé ce qui arrive naturellement à tout exilé, c’est de