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Page:Vigier - Davout, maréchal d'empire, Tome 2, 1898.djvu/262

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fait nulle part, quelquefois même il ne l’était pas du tout. Non seulement on ne vivait pas sur le courant, comme cela devait être, sur quelques points on était obligé d’entamer la réserve pour empêcher les hommes et les chevaux de mourir de faim. La principale armée, celle qui devait opérer sous les ordres directs de l’Empereur, était réunie dans les provinces de France les plus fertiles en céréales ; cela n’empêchait pas que, si les hostilités eussent dû commencer dans la dernière moitié du mois de mai, les soldats n’auraient pas pu entrer en campagne avec quatre jours de pain, et l’Empereur en voulait six.
Quand on faisait au munitionnaire général des reproches qui n’étaient que trop fondés, il payait d’audace ; il n’hésitait même pas à mettre en avant des assertions dont l’insigne fausseté ne tardait pas à être démontrée. Ainsi, il prétendait avoir versé à Mézières pour 200 000 francs de fournisseurs et un rapport du général en chef comte Gérard constatait que le service y était arrêté, parce que le préposé du munitionnaire général, en avance de ses propres deniers, pour une quarantaine de mille francs, ne voulait ou ne pouvait pas se mettre plus à découvert. On disait hautement que le munitionnaire se servait de l’argent du trésor pour agioter à la bourse ; ce n’était pas là un propos sans consistance et sans valeur, comme il ne s’en débite que trop. L’accusation n’a jamais été vérifiée ; mais elle était nettement formulée par un des fonctionnaires les plus estimables du ministère, l’ordonnateur Sartelon et elle avait d’autant plus de poids dans sa bouche que, loin d’être zélé pour la cause de l’Empereur, il ne faisait aucun mystère de ses opinions politiques.